Sud du Maroc
J'ai eu la chance de voyager à deux reprises dans le sud du Maroc, en 2014 et en 2016. J'ai été dépaysée par ces paysages arides et colorés, je ne m'attendais pas à être aussi émue.
Nous sommes partis à deux, privilégiés et guidés par Mohamed toute la semaine qui nous a chouchouté. Au départ de l'oasis de Fint près de Ouarzazat, nous avons visité la célèbre vallée des roses (Dadés) connue pour cultiver ces petites fleurs pour la cosmétique, les gorges de Todgha, les portes du désert à Merzouga, Zagora, la vallée du Dràa et sa palmeraie, sans oublier la kasbah d'Ait Ben Haddou classée au patrimoine de l'Unesco. Un circuit que je vous conseille à tout point de vue. Vous serez surpris par la diversité des paysages, touchés par la gentillesse des habitants, régalés par les mets du pays et intrigués par l'artisanat local qui est riche de savoir-faire ancestraux.
Ce qui m'a le plus marqué, c'est une rencontre avec une jeune femme de mon age, qu'on a pu voir car nous n'étions pas en tour opérateur. Nous avons roulé plusieurs heures dans les montagnes sèches pour s’arrêter au milieu de rien. C'est là que notre guide nous a dit: "Nous sommes arrivés". Je me souviens avoir répondu: "Mais il n'y a que des pierres". C'est là au milieu de "rien" que nous avons fait la rencontre d'une femme et son enfant dans une grotte de deux mètres par trois. Nous ne pouvions pas imaginer qu'elle vivait ici avec ses parents. Il y avait trois grottes en tout pour la famille L'une pour dormir, l'autre pour faire à manger... Je lui avais demandé grâce au traducteur si elle n'était pas tentée de rejoindre le confort moderne, et elle avait répondu: "C'est ma maison ici, je suis née ici, j'ai donné naissance à mon fils, j'ai toujours vécu là. Je ne me vois pas quitter cet endroit". Elle descendait au village une fois par semaine à pied (quatre heures de marche) pour faire quelques courses. Aussi étonnant que cela puisse paraître, à coté cet abri très rustique, il y avait un mini panneau solaire, un contraste saisissant.
J'ai aimé également de passer une nuit dans les dunes. En bivouac à dos de dromadaire, nous sommes arrivés dans un camp de tentes berbères. Le soir venu après avoir apprécié minute par minute le soleil se coucher, nous avons rejoint les touaregs qui nous cuisinaient succulent tajine de légumes. Mais la nuit était froide car nous étions début janvier, les 4 couvertures n'ont pas été de trop. Je me souviens avoir dormi avec un bonnet sur la tête. Au petit matin, debout à cinq heures pour voir le soleil se lever sur les dunes givrées, c'était magique. Je sais bien que c'était un peu "touristique" et pas complètement authentique mais ça n'a rien gâché à ce que j'ai ressenti.
Nous avons aussi fait l'expérience d'un vrai hammam, homme et femme séparés. Bien loin de ce que j'ai connu dans les spas parisiens ni même des hammams touristiques de Marrakech. L'usage est complètement différent, je n'en dis pas plus je vous laisserais tout le loisir de tester.
Qu'est ce qui m'a inspiré alors? ce sont toutes ces gravures et motifs sur les maisons du sud, les inscriptions traditionnelles berbères, leur significations. Par exemple, le losange représente la féminité, c'est autour de ce concept que j'ai créé la collection Zagora. Pour la collection Touareg, c'est la Croix du sud, ou d'Agadez liée aux étoiles et constellations. Elle sert à trouver le pôle céleste. Il y a beaucoup de contes et légendes autour d'elle. Et puis dans un voyage, il y a beaucoup de choses qui me marquent mais dont je n'ai pas toujours conscience.
J'espère vous avoir donné envie de découvrir la culture nomade !